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Chu Teh-Chun
- qui est né en Chine en 1920 à Xiao-Xian, province de Jiangsou - étudia comme son compatriote Zao Wou-ki, à l'école des beaux-arts de Hangzhou tous les modes et motifs de la peinture traditionnelle qu'il pratiqua, de même que les connaissances transmises par ses maîtres sur la peinture occidentale ; avant d'enseigner à l'université de Nanjing (1944) puis à celle de Taipei (1951).Sitôt arrivé à Paris (1955), ce qu'il retient, après vérification de visu de Matisse et de Picasso. de Delacroix et de Géricault, et principalement de Courbet, c'est une prise de conscience de l'originalité de sa culture, de la transformation spécifique qu'elle peut développer dans ce qu'il vient de découvrir.
D'emblée, c'est en Cézanne qu'il voit et comprend la problématique de la rupture dans l'art occidental et qu'il élabore l'axe de sa recherche.
C'était alors l'époque de l'abstraction lyrique, que l'on distinguait de la sorte de l'abstraction géométrique, quand d'autres alimentaient le faux conflit entre figuration et non-figuration, et que certains éclectiques croyaient discerner dans cette vague informelle, gestuelle, quelque paysagisme abstrait. Réducteur, ce terme est foncièrement impropre s'agissant de Chu, dont il occulte ce qu'il y a d'essentiel dans son travail, ce qu'il y a d'indicible, et peut-être d'inconnaissable.
Pour Chu, bien avant ces années-la et plus encore depuis. le paysage ne peut se résumer à la description ou à la transposition d'un site, voire de l'émotion ressentie. Sa peinture est le lieu d'une mémoire du monde, de la nature organique dont l'homme est une composante et dont le peintre tente de saisir les pulsions, l'initiative dans le flux des mutations.
Jamais nous ne sommes devant la représentation d'un paysage; nous baignons dans l'espace qui déborde la présence de la peinture et qui nous absorbe, nous livre aux éléments qui nous enracinent, nous érodent, nous brûlent, nous diluent, comme si Chu, à l'exemple des anciens maîtres Sang, avait rejeté loin derrière nous et en deçà toute ligne d'horizon possible, afin de nous fondre et nous confondre dans une commune dimension avec le monde.
Extrait du texte de Raoul-Jean Moulin à l’occasion de l’exposition de Chu en 1994.
Chu Teh-Chun vit et travaille à Vitry-sur-Seine depuis 1991.