détail d'une des oeuvres de Zao Wou-Ki

Zao Wou-Ki - 25-3-85 - huile sur toile - 130 x 162 -

"Picasso, dit Zao Wou-Ki, m'avait appris à dessiner comme Picasso, mais Cézanne m'apprit à regarder la nature chinoise. J'avais admiré Modigliani, Renoir, Matisse. Mais c'est Cézanne qui m'aida à me trouver moi-même, à me retrouver peintre chinois."

Parti de Shanghai le 26 février 1948, Zao Wou-Ki débarque à Marseille après trente-six jours de bateau.

Le 1er Avril au matin il est à Paris, et l'après-midi même se rend au Musée du Louvre.

Il s'installe dans le quartier de Montparnasse, non loin de l'atelier d'Alberto Giacometti.

Dès son arrivée, il est saisi par la beauté de Paris et sa qualité d'accueil: "Jamais, reconnaît-il, je n'ai ressenti pour une grande ville une telle soudaine affection. Vos camarades de travail deviennent instantanément des amis de toujours."

Dominant de mieux en mieux le médium occidental tout en gardant dans l'emploi du pinceau la maîtrise chinoise, Zao Wou-Ki remplacera très vite les pinceaux ronds dont il usait jusqu'alors pour ses tracés délicats et sa fine pellicule chromatique par des pinceaux rectangulaires et plats aux flexions élargies sur une couche picturale plus épaisse et plus fluide. En été 1981, Paris rend hommage à Zao Wou-Ki par une exposition au Grand Palais organisée par l'historien d'art et poète Jean Leymarie, de longue date ami de l'artiste.

Aujourd'hui, tous les grands musées du monde exposent des tableaux de Zao Wou-Ki, peintre dont l'œuvre forme une "passerelle" entre la culture de l'Orient et la nôtre.

"Pour Zao Wou-Ki, dit Daniel Abadie, il s'est agi, et cette intuition initiale s'est confortée et clarifiée à chaque étape de sa peinture, d'inventer une vision moderne de cet espace particulier à la peinture chinoise - quand celle-ci semblait figée par l'académisme - de donner à cette tradition le chapitre nouveau qu'elle ne parvenait pas, par elle-même, à écrire. Pour ce faire, il lui a fallu prendre tous les risques et vérifier, à l'opposé de sa tradition, par la peinture à l'huile, par l'abstraction, par l'usage de couleurs intenses, ce qui dans celle-ci, avait valeur universelle. Il lui a fallu redécouvrir dans son propre domaine l'expérience mystique, celle qui consiste à se perdre pour se retrouver. Alors, dans ce "verger de signes" qu'évoquait à ses débuts Henri Mîchaux, a pu peu à peu mûrir, terme de la Voie selon Lao Tseu, la Grande peinture sans image."

 

Texte extrait du magnifique ouvrage de Daniel Abadie et Martine Contensou consacré à Zao Wou-Ki ( Arts Mundi)